Le funéraire, un marché en voie de digitalisation ?

Dans notre société connectée, l’accroissement de la digitalisation bouscule de nombreux marchés ainsi que les modes de consommations. Certains secteurs s’engagent dans la digitalisation assez tardivement, comme c’est le cas du marché funéraire.

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Digital et marché funéraire : compatibles ?

Aujourd’hui, créer une entreprise sans prendre en compte la problématique de sa stratégie web est un pari très risqué. C’est le cas du marché du funéraire qui est un secteur atomisé et peu développé, en raison notamment d’une réglementation stricte : les entreprises peuvent communiquer auprès du grand public mais n’ont pas le droit de démarcher des individus afin de leur vendre leurs services.
C’est probablement pour cette raison que la majorité des 3 500 acteurs du marché funéraire français n’osent pas mettre en place des campagnes de communication web. De plus, la mort en France reste encore un sujet tabou. L’enjeu est pourtant de taille puisque de nombreuses opportunités s’offrent à ces acteurs. Avec 545 000 décès par an en France et une augmentation du chiffre d’affaires de 50 % en valeur en seulement 15 ans, le web est une opportunité à ne pas négliger.
De nombreuses solutions sont envisageables afin d’assurer sa présence sur le web :
. S’implanter sur les réseaux : créer une page Facebook ou un site Internet afin de communiquer sur des sujets orientés autour du deuil et de la mort (informations, démarches administratives, etc).

. Etre référencé sur Internet : être présent sur les annuaires gratuits et sur les sites d’avis de décès.

. Gérer sa E-réputation : posséder une bonne image et des avis consommateurs de qualité sur les sites de comparateurs de devis de pompes funèbres.
Nous observons donc un certain manque d’innovation sur ce marché, malgré la volonté de certains acteurs du marché funéraire d’accroître leur présence sur le web.

De nouveaux acteurs bouleversent le marché

Cette problématique du manque d’évolution ne porte pas uniquement sur l’aspect digital. En effet, ce secteur possède un retard assez conséquent, notamment en matière d’innovation sur les matériaux utilisés pour construire les tombes. Les professionnels de ce marché ont par exemple refusé de croire au potentiel du cercueil en carton, alors que ce produit est de plus en plus demandé par les clients.

De plus, si la majorité des acteurs du marché sont des PME qui sont au service de leurs clients, le funéraire fait aussi face à l’arrivée d’organisations capitalistiques détenues par des fonds de pension étrangers.
Pour ces acteurs, placer l’économie au service des personnes et non l’inverse est étranger à leur démarche, c’est pourquoi la Coopérative Funéraire de Nantes s’est lancée en novembre 2016.
Créée par trois femmes, il s’agit de la première coopérative de pompes funèbres française. Ce nouvel acteur du marché a décidé de placer l’innovation, l’écologie et l’humain au cœur de son métier.
Selon elles, le décès d’un proche ne devrait pas être l’occasion d’effectuer du profit et d’exploiter le deuil. Il est au contraire nécessaire de fournir des services d’une qualité irréprochable, associé à des pratiques commerciales respectueuses.
Le principe de cette coopérative est simple : les parts de 20 € sont détenues par les salariés. Chaque part permet d’obtenir un tarif préférentiel sur l’ensemble des funérailles.
Les valeurs incarnées par la Coopérative funéraire de Nantes sont confirmées par les tarifs qu’elle propose : « une prestation de service à partir de 990 euros couvrant 80 % des charges », alors que le coût moyen des obsèques en France est de 3 350 €.
Afin de proposer des tarifs aussi attractifs, la coopérative offre de nombreuses alternatives à ses clients : possibilité de prendre un cercueil sans vernis ou bien encore en carton, mais également des tombes végétalisées, etc.
À l’instar d’autres marchés, le marché du funéraire est donc bousculé dans ses usages. Si les offres vont s’enrichir par la digitalisation, espérons que de nouveaux acteurs comme la Coopérative Nantaise se mettent en place pour remettre l’humain au service de l’économie.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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